Voici reproduit un article de la dépêche du Midi, très complet sur l'histoire de cette statue :
Castres. Les voyages de Jeanne d'Arc
Trônant fièrement l'étendard à la main au bout du jardin Frascaty, la statue équestre de Jeanne d'Arc est bien connue de tous les Castrais. Mais nos concitoyens savent-ils qu'avant de s'installer définitivement au bord des boulevards, cette représentation de la Pucelle d'Orléans a connu bien des aventures ?
Œuvre en bronze du sculpteur Emmanuel Faure-Fremiet, coulée par les fonderies Barbedienne sur le modèle de celles de Paris et Nancy, elle est en effet installée dans son écrin de verdure depuis le 13 mai 1990 seulement.
Si l'Abbé Joseph Gabriel Cazes est à l'origine de son érection lors d'un congrès eucharistique qui contribue à sa renommée, c'est par Monseigneur Mignot, Archevêque d'Albi,
Castres et Lavaur qu'elle est inaugurée et bénie le 28 juin 1914, jour de l'attentat de Sarajevo. 71 ans plus tard, jour pour jour, soit le 28 juin 1985, un nouvel attentat jalonne sa vie. Celle qui voulait bouter les Anglais hors de France est elle-même boutée hors de son piédestal par un geste politique qui la renverse, l'endommage et la laisse un temps sans étendard, poing brandit au dessus de la tête.
Au quatre coins de Castres
Si Jeanne d'Arc gardait des moutons, avant de devenir chef de guerre, sa statue castraise a connu bien des transhumances. Après son baptême en grandes pompes, elle est installée Avenue Albert Ier - alors appelée avenue de la gare - sur un terrain appartenant à la famille Windham (des Anglais ???) à l'angle de la rue du Docteur Blaveaux. Cette dernière en fait cadeau à la ville de Castres en 1955. A partir de cette date, la municipalité va lui offrir une longue promenade en l'exposant successivement place des bouchers devenue alors la place Jeanne d'Arc, jardin du mail en 1977 et enfin Jardin Frascaty. La vie de la statue n'a semble-t-il pas été beaucoup plus calme que celle de son modèle… G. A.
En voici un autre, qui complète cette histoire, toujours trouvé dans la Dépêche du Midi :
Il y a cent ans, jour pour jour, la statue équestre de Jeanne d'Arc, actuellement placée dans le jardin Frascaty, était inaugurée et bénite par l'abbé Jean-Joseph Gabriel Caze.
La statue de Jeanne d'Arc implantée dans le parc Frascaty fête ses 100 ans. Une occasion de (re) découvrir l'histoire de la sculpture d'Emmanuel Faure-Fremiet, coulée dans les célèbres fonderies Barbediennes.
Il y a un siècle jour pour jour, le 29 juin 1914, la statue équestre représentant la Pucelle d'Orléans tenant fièrement un étendard est inaugurée et bénite par l'abbé Jean-Joseph Gabriel Cazes, alors archiprêtre de Saint-Benoît. Au même moment, à 1 800 km à l'est, l'archiduc François-Ferdinand, héritier de l'Empire austro-hongrois, décède aux côtés de son épouse sous les tirs de Gavrilo Princip, un nationaliste serbe, en plein cœur de Sarajevo. La Grande Guerre avait trouvé son point de départ.
Initialement installée sur un terrain privé appartenant au couple Windham-Barbaza, à l'angle de l'avenue de la Gare - changée depuis pour avenue Albert Ier - et de la rue du Docteur-Blavaux, la statue fut offerte à la ville de
Castres en 1965. Elle a été installée place des Bouchers, renommée par la suite place Jeanne-d'Arc avant de devenir place du 8-Mai 1945. En 1977, la sculpture est transportée vers le jardin du Mail, parc longé par l'avenue Charles-de-Gaulle. Parc qui tire son nom du jeu éponyme, ancêtre du golf et du croquet.
Elle perd son étendard
Le 28 juin 1985, la statue subit une attaque qui ne la laissera pas indemne. Lors d'une chaude nuit, elle est renversée et perd son étendard. N'ayant plus rien à brandir, elle donne l'impression, une fois reposée sur son socle, qu'elle lève le poing. Symbole national français, de part et d'autre de l'échiquier politique, Jeanne d'Arc est une inspiration pour tous les partis. Béatisée en 1909 puis canonisée en 1920, elle marque le renouveau de la droite et du catholicisme. Le poing en l'air, elle donne l'impression d'une révolutionnaire.
Depuis 1990, la statue est réinstallée dans le jardin Frascaty. Jusqu'à aujourd'hui, tout semble calme pour la gardienne du parc. Elle repose tranquillement malgré une vie tumultueuse, à l'image de son modèle.
L'histoire de la statue équestre Jeanne-d'Arc est retracée notamment dans un des bulletins édités par la Société culturelle du Pays castrais.
Antonin Chamot